4eme principe

4ème principe : La posture collaborative

La posture collaborative est une posture professionnelle propice à l’écoute et à l’émergence de la parole des usagers. Il s’agit d’adopter l’attitude de celui qui sincèrement ne sait pas et écoute l’autre. C’est une attitude relationnelle, une perception subjective, une action pertinente et surtout la reconnaissance des différences interindividuelles.

Lorsqu’un professionnel rencontre un usager qui est confronté à une difficulté, il doit garder à l’esprit que la solution offerte (le professionnel se place en tant que conseil) peut créer de la résistance. En effet, la solution ne peut qu’être Co construite avec le majeur même lorsqu’il est en attente (cf. démarche d’accompagnement).

La posture collaborative consiste à accepter qu’il n’y ait pas de bonne solution a priori mais qu’il y ait la solution de celui ou celle qui désire changer quelque chose pour lui-même. Cela suppose que cette personne soit déjà dans une dynamique de résolution de ses difficultés, donc qu’elle exprime déjà une demande.

Par ailleurs, lorsqu’une personne exprime une demande, elle possède déjà une partie de la réponse, tel que l’illustre Guy AUSLOOS : “une famille ne se pose que des problèmes qu’elle est en capacité de résoudre”. Rien ne permet d’affirmer que notre (les professionnels) propre modèle soit plus juste ou plus vrai que celui de l’autre, nous pouvons simplement l’aider à élargir les limites de son propre modèle comme il peut élargir le nôtre (le professionnel se positionne en tant que ressource).

En effet, il existe plusieurs chemins pour arriver au même lieu, ils sont plus ou moins tortueux, plus moins longs, permettent de vivre des choses différentes et sont plus ou moins adaptés à notre personnalité et nos ressources disponibles. Néanmoins ils peuvent être tous aussi pertinents.

Agir avec pertinence selon la posture collaborative, c’est aussi faire preuve d’imagination et de créativité : “si quelque chose ne fonctionne pas c’est sûrement parce que ce n’est pas adapté. Alors, essayez autre chose !”. C’est se donner ou prendre le temps qu’il faut, le temps d’une rencontre, un temps négocié.

Il ne s’agit pas de renoncer à ses compétences, mais d’identifier et de reconnaître celles des différents acteurs concernés. Il ne s’agit pas non plus d’ignorer le pouvoir du professionnel mais plutôt, à la manière de Saül KARSZ, “le définir pour en finir”;  Parler du pouvoir c’est parler de ses limites.

La posture collaborative permettrait ainsi de mettre en avant les différences et de les intégrer comme outils de travail. Les divergences de point de vue, leur partage et le débat qu’elles suscitent comme moteur de la Co construction des solutions.

Cette posture collaborative permet d’éviter les effets indésirables de l’intervention sociale (ils sont volontairement caricaturaux pour servir de points de vigilance) :

  • L’infantilisation. Infantiliser, c’est traiter la personne comme si elle était dépourvue de toute compétence : ‘je sais mieux que toi ce qui est bon pour toi”.
  • La stigmatisation. Stigmatiser, c’est assimiler la personne aux difficultés qu’elle rencontre. C’est la situation actuelle qui ne lui permet pas d’assumer pleinement ses responsabilités parentales, il ne s’agit pas à priori d’une intention de sa part.
  • La double victimisation. Induire un processus de double victimisation, c’est reprocher à la personne de ne pas réussir à s’en sortir malgré l’aide qu’elle reçoit.
  • La monopolisation professionnelle. Les professionnels réussissent souvent avec la meilleure volonté du monde à définir un problème de telle sorte que sa solution nécessite uniquement le recours à des professionnels.

A la différence d’une tutelle familiale, l’ATMP 76 exerce les mesures de manière professionnelle. Il est donc nécessaire de trouver le moyen d’objectiver les notions de collaboration et de respect de l’intégrité afin qu’elles puissent constituer des outils fiables au service de la protection du majeur. Il s’agit donc de les relativiser au regard des critères suivant :

  • L’avis du majeur lui-même (à relativiser en fonction de son âge et de sa personnalité, et de sa capacité de discernement).
  • La satisfaction de ses besoins physiques, affectifs, éducatifs (à relativiser en fonction des perceptions de chacun en quantité et en qualité).
  • L’effet probable sur lui d’un changement (notamment du point de vue de son attachement aux membres de son entourage et de sa capacité à assumer une situation nouvelle)
  • Les maux dont il a déjà souffert ou qu’il encourt (qui nous amènent à identifier les risques liés à la situation).
  • La volonté et la capacité (leur implication active) des majeurs à modifier leurs pratiques et leurs représentations.

Pour conclure sur ce point, l’intérêt de la personne doit servir d’unité de mesure lorsque plusieurs intérêt entre en concurrence.